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Une journée dans la peau d’une carioca pendant le confinement

Natalia Cavalieri a 25 ans et habite Rio de Janeiro. Comme la plupart d’entre nous, elle est confinée à son domicile. Au fil d’une journée, elle raconte tout ce qu’elle fait chez elle et dévoile plusieurs références brésiliennes de lecture, musique et culinaire. Chez CasaLingua nous sommes persuadés que le meilleur moyen d’apprendre le portugais c’est de faire une immersion culturelle et linguistique. Donc, profitez de ce journal pour assaisonner votre confinement de culture brésilienne.

26/11/20 

08:00

Mon réveil sonne. Ce son pénible que j’écoute chaque matin se mélange à une douce mélodie de flûte traversière. J’habite Santa Teresa, un quartier bohème de Rio de Janeiro. C’est peut-être l’équivalent de Montmartre à Paris. En plus des musiciens, des peintres, comédiens, cinéastes, intellectuels, écrivains et enthousiastes y vivent aussi. Placée en haut d’une colline, Santa Teresa offre de superbes vues sur les principales cartes-postales de la ville: le Christ, le Pain de Sucre et la mer. Ici, pas de banques, boutiques internationales ou grands magasins. Le commerce dans les ruelles sinueuses en dalles de pierre est essentiellement local.

Je reste encore quelques minutes sous les draps, le temps de reconnaître ce que mon voisin est en train de jouer: c’est “Carinhoso”, ou “Câlineur” en français. Écrite par le compositeur Pixinguinha, c’est pour moi une des plus belles chansons brésiliennes. Je me laisse emporter par la musique, mais je me rends compte qu’il est déjà 08:15. Je dois me lever. Dans une demi-heure j’ai mon cours de Yoga avec Pedro. Depuis le début de la pandémie, les cours de yoga sont devenus un moment sacré. Ça fait tellement de bien de respirer, de ralentir les pensées, d’étirer le corps.

09:45

Fin du cours de Yoga. Mon estomac me rappelle à l’ordre. Je replie mon tapis et je me dirige vers la cuisine. Au menu pour ce matin : café, tapioca au fromage et jus frais de maracujá, c’est-à-dire, fruit de la passion. La tapioca c’est la crêpe du Brésil. Cette farine à base de manioc est nutritive, savoureuse et très simple à préparer : il suffit de la verser sur une poêle pendant deux ou trois minutes à l’aide d’une passoire pour bien égaliser la texture, puis d’y ajouter les condiments, qui peuvent être sucrés ou salés. En France, c’est possible de trouver de la tapioca chez Carrefour ou sur internet.

10:30

Bien nourrie. J’ai assez d’énergie pour me mettre au travail. Je donne des cours de portugais et de culture brésilienne pour des étrangers – en ligne, depuis le début de la pandémie. Il fait très chaud dehors. C’est encore le printemps, mais le soleil brûle à 33 degrés. 

12:30

Fini les cours du matin. J’ai deux heures de pause. Je profite de ce temps libre pour écouter mon podcast préféré, “Mamilos”, pendant que je prépare mon déjeuner. Ce podcast hebdomadaire, dispo sur Spotify, aborde avec profondeur et bonne humeur les sujets qui ont fait le buzz sur internet au Brésil tout au long de la semaine.

Mon repas à midi est le même que celui de milliers de brésiliens : riz, haricots noirs et légumes. La plupart ajouteraient aussi à ce mélange de la viande ou du poulet grillé. Moi, en tant que végétarienne, je choisis de faire revenir des courgettes et des oignons. On appelle “Prato Feito”, ou “PF”, ce mélange de riz, haricots, légumes et viande. Prato Feito, littéralement, c’est une “Assiette Faite”, pour dire que c’est un plat complet en nutriments. 

Voici la recette pour préparer un vrai “Arroz e Feijão”, “Riz et Haricots”, brasileiro. :

Pour les haricots 

Ingrédients
2 verres de haricots noirs (du Brésil)
1 oignon haché
2 gousses d’ail
2 cuillères à soupe d’huile d’olive
2 feuilles de laurier
Une pincée de sel
Une pincée de poivre

Préparation

12 heures à l’avance, tremper les haricots dans deux fois leur volume d’eau. Le lendemain, égoutter les haricots et les transférer vers une cocotte minute. Pour chaque verre de haricots, trois verres d’eau. Donc, ici nous utiliserons six verres d’eau. Ajouter les feuilles de laurier. Fermer la cocotte et la faire cuire à feu vif. Dès que vous écoutez le premier sifflement, baisser le feu et laisser cuire 10 minutes de plus. Éteindre le feu, attendre que toute la pression sorte et que la cocotte arrête de siffler avant d’ouvrir le couvercle. 

Sur une autre casserole, faire rissoler les oignons dans un peu d’huile sur feu moyen. Ajouter les gousses d’ail et remuer pendant une minute pour parfumer. Ajouter 2 louches de haricots cuits (avec le bouillon) à ce mélange. Remuer et écraser les haricots avec une spatule. Cette purée aide à faire grossir le bouillon. 

Ajouter le reste des haricots (avec le bouillon) et remuer vivement. Ajoutez le sel et le poivre et laissez cuire à feu doux encore 10 minutes, en ayant soin de remuer de temps en temps, jusqu’à ce que le bouillon soit plus épais – le temps peut varier selon la consistance souhaitée, plutôt liquide ou plutôt crémeux. 

NB: Si vous préférez cuire les haricots dans une casserole normale, le temps de cuisson s’élève à 40 minutes.

Pour le riz
1 verre de riz
2 verres d’eau bouillante
1 cuillère à soupe d’huile d’olive
½ oignon haché très fin
1 feuille de laurier
½ verre de sel

Préparation

Dans une casserole, faire rissoler les oignons avec un peu de sel sur feu moyen. Ajouter la feuille de laurier, le riz et remuer pendant 1 minute de sorte que toutes les graines de riz se mélangent à l’huile d’olive. C’est ça qui laisse les grains de riz bien détachés à la fin de la cuisson. 

Arroser le riz avec l’eau bouillante, assaisonner avec du sel à feu moyen. Ne plus remuer. Dès que l’eau s’est bien évaporée et atteint le même niveau que le riz, baisser le feu et couvrir la casserole à moitié. Laisser cuire jusqu’à ce que le riz absorbe toute l’eau. Pour vérifier qu’il n’y a plus d’eau, enfoncer une fourchette pour y voir le fond de la casserole. 

Éteindre le feu et couvrir complètement la casserole. Laisser le riz cuire dans sa propre vapeur pendant 5 minutes. Ensuite, à l’aide d’une fourchette, bien séparer les graines de riz. 

Transférer dans un bol et servir avec les haricots et les courgettes.  

18:30

Fini le dernier cours de la journée. Pour me détendre, il n’y a pas mieux que de la bonne musique brésilienne. Mon choix pour aujourd’hui c’est Paulinho da Viola, parce que je me sens agitée et sa voix m’apaise. Ce chanteur est considéré comme un des représentants majeurs de la Musique Populaire Brésilienne (MPB). Pour découvrir son oeuvre, vous pouvez commencer par les chansons suivantes: “Foi um rio que passou em minha vida”, “Coração leviano”, “Timoneiro”, “Roendo as unhas” et “Onde a dor não tem razão”.

20:00 

Aujourd’hui, c’est jeudi. Avant la pandémie, j’avais l’habitude d’aller toutes les semaines à une samba à côté de chez moi. Avec Covid-19 ou sans Covid-19, les cariocas ne peuvent pas se passer de samba dans leur quotidien. Dans ces nouvelles circonstances, Teresa Cristina, la reine contemporaine de la samba, a trouvé une solution : tous les jours (oui, tous les jours!) elle donne un concert en direct à 20h sur son instagram (@teresacristinaoficial). Je prends “uma gelada”, “une bière” dans le frigo et je me connecte.

22:00

Une heure avant de me coucher, j’éteins toujours les écrans. C’est l’heure de la lecture. Mon livre en ce moment s’appelle “Ideias para adiar o fim do mundo” d’Ailton Krenak. Ce livre vient d’être publié en France sous le titre “ Idées pour retarder la fin du monde”. Krenak est un des plus grands penseurs brésiliens de l’actualité. C’est aussi un des principaux militants de la lutte des peuples de la Fôret, lui-même issu du peuple krenak, de l’État de Minas Gerais. Comme le nom l’indique, ce livre présente sous une perspective indigène des pensées pour faire face aux conséquences entraînées par les modes de vie de l’Anthropocène. Son regard ancestral sur le monde m’aide à dormir tranquillement, même quand la société subit un tourbillon.